La Fédération CFTC du Commerce, des Services et de la Force de Vente prend position au sujet des retraites et de la réforme actuelle, par l’intermédiaire de son président Patrick ERTZ.
Il y aborde le soi-disant déficit du système, la baisse des futures pensions, les salariés à temps partiel, les régimes spéciaux, et l’appel à la mobilisation du mardi 7 mars 2023.
“Chers amis, bonjour.
Voilà venu le moment pour vous parler des retraites.
Nous sommes mobilisés depuis plusieurs semaines et je remercie chacune et chacun d’entre vous qui vous mobilisez pour vous-même, mais aussi pour vos proches, pour vos enfants, vos petits-enfants.
Effectivement, l’heure est grave parce qu’on tente de nous faire porter la responsabilité, nous les travailleuses et les travailleurs, d’un éventuel déficit du système des retraites. Je rappelle simplement que le fait que l’Etat, que le gouvernement, que les gouvernements successifs ont baissé les cotisations sociales des employeurs a généré ce déficit. Rien que ça.
C’est à dire, si l’Etat compensait intégralement les exonérations de charges qu’elle a accordées aux entreprises, nous n’aurions aucun déficit.
Ça, c’est des chiffres de la Cour des comptes. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est un organisme officiel.
A la CFTC, nous sommes opposés à cette réforme des retraites.
Alors on nous demande de travailler deux ans de plus, effectivement certains d’entre vous diront, moi, je suis en capacité de travailler deux ans de plus. D’autres diront qu’ils ne sont pas en capacité. Donc ça, effectivement, ça dépend de chaque personne et ça dépend surtout du poste que chacune et chacun occupe.
A la CFTC, nous sommes opposés à cette réforme des retraites.
Premièrement, pour les raisons que j’évoquais à l’instant, c’est parce qu’il n’y a pas de déficit. Si on compense les exonérations de charges patronales décidées par le gouvernement.
Deuxièmement, le gouvernement dit que les pensions ne vont pas baisser, ce qui est complètement faux, et on peut regarder le rapport du COR (Conseil d’Orientation des Retraites) là-dessus, qui dit quand même qu’entre 2000 et 2040, le taux de remplacement, c’est à dire le niveau de pension par rapport aux derniers salaires, baisse sensiblement.
Donc il est faux de dire que le niveau de pension restera le même. C’est faux, donc cela veut dire qu’on nous annonce une réforme qui ne va régler ni le financement ni le montant des retraites. C’est quand même une aberration.
On se fout de la gueule du monde finalement, vous en conviendrez chers amis !
Donc la CFTC continuera de se mobiliser contre cette réforme des retraites.
Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire de réformes, mais ça veut dire qu’on fait une réforme différente, négociée avec les salariés et leurs représentants et pas une réforme décidée par des financiers, par des personnes qui n’ont jamais travaillé dans une entreprise.
Par ailleurs, dans nos professions, il y a beaucoup de salariés à temps partiel. On n’en parle jamais.
Trouvez-vous normal, en tout cas, moi, je trouve ça inadmissible, qu’une personne qui a travaillé toute sa vie, qui s’est levée tous les matins pour aller travailler
et qui finalement aura comme retraite le même montant qu’une personne qui touche le minimum vieillesse et qui n’a jamais cotisé de sa vie ?
Non pas que la personne qui n’a jamais cotisé ne doive rien percevoir, mais la personne qui a travaillé à temps partiel toute sa vie doit toucher nettement plus que la personne qui n’a pas travaillé.
C’est un scandale de ne pas parler des salariés à temps partiel quand on réforme un système de retraite.
A la CFTC, nous portons haut et fort les valeurs du respect de la personne humaine. Chaque personne doit être respectée.
On ne parle pas non plus de la santé au travail.
Quid des salariés qui ont déjà des problèmes de santé à 62 ans ? Ils vont avoir des problèmes encore deux ans de plus. Qui ? Qui va les indemniser ? Qui va venir en aide à ces salariés là ? On va fermer les yeux sur nos collègues ?
A la CFTC, nous portons haut et fort les valeurs du respect de la personne humaine. Chaque personne doit être respectée et il n’est pas normal que l’on n’évoque pas la situation de ces salariés qui arrivent en fin de parcours professionnel et qui ont des problèmes de santé et où tout le monde ferme les yeux.
Comme vous pouvez le constater, chers amis, il y a aussi les régimes spéciaux.
Qu’il y ait des régimes spéciaux, tant mieux pour les personnes qui sont bénéficiaires, mais on fait pour les régimes spéciaux ce qu’on appelle la clause du grand-père, c’est-à-dire que la réforme s’appliquera dans 40 ans alors que pour nous, le secteur privé, elle s’applique tout de suite !
C’est-à-dire que même vous qui deviez partir cette année en retraite, en fin d’année en retraite, vous ne partirez pas en retraite.
Mais quel mépris de la personne humaine !
C’est un scandale que des personnes qui ont prévu de rejoindre leur famille ou de partir en retraite en fin d’année, on va leur dire votre départ est retardé, c’est un scandale, c’est inadmissible.
Personne ne parle de ça. Nous, on en parle.
Alors soutenez-nous, mobilisez-vous le 7 mars, on va redescendre dans la rue. On va redire à Monsieur Macron non, non et non à votre réforme.
Oui à une réforme négociée, mais non à une réforme imposée.”
Patrick ERTZ,
Président de la Fédération CFTC-CSFV