Qui aurait pu penser il y a trois ans tout ce que nous vivons aujourd’hui ? En effet les sujets de conversations sont vastes et cette tribune libre qui m’a été offerte aurait pu être dédié à des sujets d’actualité que nous ne pensions pas avoir il y a quelque temps.
Période anxiogène avec pèle mêle (et je suis persuadé d’en oublier) le COVID qui a été le commencement de tous nos ennuis, les périodes de confinement, le port du masque et le recours au télétravail qui a totalement révolutionné l’organisation en entreprise, les méthodes de management pour certains alors que pour d’autres salariés l’ultra flexibilité dans l’organisation du travail était demandée. Période ou les rapports humains ont changé et ou l’isolement à crée des ravages.
Depuis, nous devons faire face à toujours à ce satané COVID, à la guerre en Ukraine si proche de nos frontières, à une crise énergétique sans précèdent ou certains de nos concitoyens n’auront plus les moyens de se chauffer et ou des coupures de courant sont à prévoir, une inflation à deux chiffres pour les produits de première nécessité plongeant dans la précarité un nombre de foyers croissant, un déréglément climatique ne nous mettant pas à l’abri d’une catastrophe naturelle et pour couronner le tout un gouvernement faisant passer ses lois à coups de 49.3, nous préparant à une réforme des retraites discriminatoire au détriment des salariés du secteur privé pour s’acheter une certaine tranquillité au niveau de la mobilisation. Sommes-nous encore en démocratie ?
A me relire, avec ce tableau même l’imagination débordante de Georges Orwell ou de Stephen King n’aurait pu prévoir un tel scenario tant l’avenir est incertain !!!!
Dans ce contexte notre rôle a beaucoup évolué et nous aussi nous avons dû nous adapter dans les missions confiées que cela soit au niveau des négociations collectives ou de nos rapports avec nos employeurs car même nos entreprises ne savent pas ou elles vont pour certaines.
Face à ce triste constat nous pourrions être tenter de baisser les bras, d’être démotivé car les choses n’avancent pas ….
Et bien, non car il nous reste et nous restera toujours une chose quoiqu’il advienne : ces instants magiques que nous donnent les salariés dont nous nous occupons et leur reconnaissance quand nous leur apportons satisfaction ou crédit.
Je ne suis pas naïf, cela plus de 15 ans que je suis élu dans mon entreprise et la plupart des salariés que nous conseillons et que nous aidons ont peu voir aucune reconnaissance pour notre travail fourni. Il n’y a qu’à voir comment nous galérons pour les faire voter lors des élections alors que dès fois leurs dossiers nous demandent des heures et des heures de travail.
Mais les deux exemples que je vais vous donner sont pour moi frappants et méritent un partage
…POURQUOI NOS VALEURS ET NOTRE ACTION NOUS PERMETTENT DE RESTER POSITIFS ET DE CROIRE EN AVENIR MEILLEUR ET APAISE
-1 Une salariée, que je vais appeler A (car maintenant c’est une adhérente) me contacter au mois de Février 2022 pour me demander un renseignement sur Action Logement car elle a un problème avec son logement qu’elle loue et avec son propriétaire.
A souffre de pathologie pulmonaire et est désemparée car la maison qu’elle loue a un taux d’humidité anormale et elle m’envoie des photos de murs moisis. Elle a fait intervenir les autorités, un expert est venu, a constaté les manquements du propriétaire refusant de faire les travaux nécessaires mais le logement est jugé habitable malgré son insalubrité. Totalement perdue, elle est durant tout l’hiver arrêtée toutes les trois semaines à cause de sa pathologie et le taux d’humidité qui la rend malade. Quand je l’ai en ligne les trois quarts du temps elle tousse comme une tuberculeuse et je me sens un peu désemparé car je travaille dans une entreprise qui ne prête pas une attention particulière au logement et je me débats comme je peux avec Action Logement en me faisant aider par une administratrice CFTC y siégeant.
Après moults rebondissements elle m’appelle au mois de Septembre pour me dire qu’enfin elle a trouvé un logement mais à 80 kilomètres de son lieu de travail. En une semaine je lui obtiens sa mutation sur le supermarché proche de son nouveau lieu d’habitation.
Cette salariée le mois dernier m’a téléphoné pour me témoigner de toute sa reconnaissance car aujourd’hui elle et toute sa famille revivaient grâce à nos interventions, que nous avions ramené de la joie chez elle et que nous serions toujours la bienvenue dans cette maison qui est un peu la nôtre.
2- Cet été suite à un problème sur un supermarché, je rencontre toute l’équipe et suis favorablement surpris par le sang froid d’une salariée face à une situation exceptionnelle. Je prends rendez-vous avec elle car je souhaite la positionner sur mes listes électorales 2023.Cette personne après un long moment de méfiance me raconte son parcours personnel, et tout ce qu’elle a subi depuis son enfance. Abandonnée et ballotée à gauche et à droite petite, elle a subi des faits graves de violence deux fois de suite (d’où sa méfiance envers un homme). Elle a dû quitter sa région, et même vivre dans la rue. Elle a su seule se reconstruire, mais est une écorchée vive qui veut rester positive et veut réussir la deuxième moitié de sa vie, évoluer professionnellement. Alors, je lui propose d’être sur la liste CFTC 2023, en argumentant pourquoi j’étais sur qu’elle ferait une bonne représentante du personnel.
Quelle ne fut ma surprise de la voir presque fondre en larmes devant moi, en me remerciant de croire en elle, de s’intéresser à elle et de lui proposer un challenge car c’était la première fois que cela lui arrivait !
Voila pourquoi fort de ces deux exemples et malgré toutes ses interrogations légitimes sur l’avenir, je resterai sur le terrain proche des salariés quel que soit mes responsabilités collectives car ces moments là sont forts, magiques et me permette de continuer de croire en ce que je fais tous les jours.
Mon ADN, et celle de la CFTC que j’ai l’honneur de représenter est cette sincérité de la valeur des rapports humains que je ne retrouve dans aucun autre syndicat. C’est notre force et c’est grâce à cela que nous resterons toujours debout et fier de ce que l’on est, de ce que l’on véhicule.
Alors à l’heure des « quoiqu’il en coûte », des « en même temps » et des « même pas peur » de cette dérive jupitérienne ou même les fondations de notre république sont ébranlées je reste et resterai attaché à ces valeurs qui me nourrissent ,qui me font lever le matin et qui me feront lever au moins jusqu’à mes 62,63,64.65 ans ?
Arnaud MARCHAT