Avec le coût de la vie plus élevé, un nombre croissant de séniors se voit obligé de reprendre une activité pour compléter leur retraite.
Cette dame de 63 ans, s’occupait des factures clients et fournisseurs pour une petite entreprise. Sa retraite, cette ex-comptable divorcée depuis une dizaine d’année, ne l’avait pas vraiment envisagée comme cela. Mais avec ses 1400 € de pension, en comptant la complémentaire, elle n’a eu trop le choix. Une fois le loyer et toutes les charges payées, il ne lui restait pas grand-chose dans le porte-monnaie, elle n’est pourtant pas un panier percé, s’excuse presque cette retraitée, mais le coût de la vie à tellement augmenté ces derniers temps qu’elle en était arrivé à refuser des sorties entre amies.
La situation de cette dame est presque devenue banale. Parmi les 16,9 millions de retraités que comptait la France en 2020, ils étaient, selon les chiffres de l’Insee près de 500 000 à cumuler un emploi avec leur pension. Le contexte inflationniste lié à la sortie de la crise pandémique mondiale, ne fait évidemment qu’aggraver les choses. Beaucoup de séniors ont aujourd’hui compris qu’ils doivent reprendre le chemin du travail, tout au moins en temps partiel, s’ils veulent non pas mettre du beurre dans les épinards, mais juste arriver à boucler leurs fins de mois.
Certains, n’ont pas trop de mal à se remettre à la tâche. « Le passage de la vie active à la retraite a été pour d’autres un tsunami confie cette sexagénaire J’avais le sentiment d’être devenue un boulet pour la société ». Si elle n’avait pas rencontré de difficultés financières, cette retraitée n’aurait pas songé à reprendre une activité. Il n’empêche qu’elle se sent mieux depuis qu’elle retravaille. « J’ai le sentiment d’être utile et j’entretiens mes compétences intellectuelles, tout en gardant du temps pour moi, poursuit-elle. Sans compter que ce complément de revenu – 380€ nets- par mois améliore mon quotidien. Elle ne fait certes pas encore de folies, mais elle peut s’octroyer de temps à temps un petit plaisir. »
Pour d’autres, une majorité, la pilule ne passe pas. S’ils n’étaient pas poussés par la nécessité, ceux-là auraient préféré de loin gouter à un repos bien mérité .Leur colère est d’autant plus forte qu’ils voient bien qu’il ne suffit pas de vouloir retravailler pour le pouvoir. « En France l’image du sénior est peu valorisé en entreprise, on le pense dépassé par les nouvelles technologies, pas adaptable et, aussi trop cher ».
Conséquence les quinquas et + galèrent à retrouver un emploi.
Ce couple respectivement âgé de 61 et 60 ans, en sont le parfait exemple. Cet ancien chauffeur de bus, qui a fait une carrière longue, est parti à la retraite l’année dernière. Tout comme son épouse, autrefois secrétaire de direction, à mi- temps. Ce couple qui a encore des crédits sur le dos, vit avec 1800€ par mois, et eux aussi ont constaté une baisse importante de leur pouvoir d’achat.
« Quand on fait les courses, nous avons l’impression qu’il y a des erreurs sur les étiquettes disent-ils, il nous arrive de reposer des articles en caisse ».
A contrecœur, ils se sont donc mis à scruter les petites annonces. Monsieur, souffre des douleurs lombaires, il ne peut reprendre la route et peine, par manque de qualification, à trouver autre chose. Madame, elle se serait encore plus passée que sa moitié à retourner au « turbin »… « J’en ai assez lâche t’elle, elle a donc candidaté à plusieurs postes de secrétariat. Malgré son expérience, elle n’a pas eu de réponse et elle a fini par accepter un emploi en intérim dans la restauration scolaire.
« C’est plus fort que moi, glisse- t-elle. A chaque fois que j’enfile ma blouse, je me demande ce que je fais là. »
Marie-Thérèse LOTHIER